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- Informations générales
Date 1er avril 1945 –
21 juin 1945
Lieu Okinawa, Japon
Issue Victoire américaine décisive
Belligérants
États-Unis Japon
Commandants
Simon Bolivar Buckner, Jr. Mitsuru Ushijima
Forces en présence
150 000 initialement,
300 000 en cours de bataille 120 000+
Pertes
15 900 tués, 38 000 blessés + 26 000 non-combattants blessés, 763 avions abattus 107 000+ soldats tués, 10 755 prisonniers, 100 000+ civils tués
La bataille d'Okinawa, qui s'est déroulée dans les îles d'Okinawa au Japon fut le plus grand assaut amphibie de la campagne Pacifique de la Seconde Guerre mondiale. Elle dura de fin mars jusqu'à juin 1945.
Le haut commandement américain avait choisi Okinawa comme la dernière étape avant l'invasion des îles principales du Japon. Il mit en œuvre des forces considérables car au fur et à mesure de la reconquête, les Américains s'étaient retrouvés à chaque fois devant un ennemi plus agressif et déterminé.
Pour le commandement japonais, l'île d'Okinawa était le prolongement stratégique d'Iwo Jima. Il était persuadé que les alliés passeraient obligatoirement par Okinawa avant de débarquer au Japon. Les préparatifs pour la défense furent extrêmement poussés.
Avant la bataille Le navire d'évacuation de femmes et enfants Tsushima-maru fut coulé par le sous-marin USS Bowfin (SS-287) avec 1 484 personnes à bord. Peu de temps avant la bataille, le cuirassé Yamato fleuron de la marine japonaise et qui devait servir de batterie échouée sur la plage en dernier recours fut coulé.
Une autre explication de l'engagement du dernier fleuron de la marine impériale est que le cuirassé fut envoyé sans escadre de support vers Okinawa de manière à mobiliser les unités aériennes américaines, alors que le jour de son naufrage plus de 300 kamikazes partaient des pistes aériennes de Kyushu pour se ruer sur la task force de l'US Navy. Le sacrifice du plus important navire du Mikado permettait donc celui du vent divin (lire opération Ten-Go, 7 avril 1945).
La préparation japonaise Ushijima, le général des forces japonaises, fit installer des défenses lourdes dans la partie méridionale de l'île. Au pied des collines, il y avait des champs de mines et des fossés où les tireurs isolés pouvaient se cacher. Plus haut dans les collines, il y avait des mitrailleuses, des mortiers, des obusiers, et toute sorte d'artillerie. Ushijima savait que les Américains ne pourraient pas être arrêtés, mais il a voulu leur faire payer chaque pouce de terrain conquis.
Son plan de défense ressemblait apparemment à celui qui avait été appliqué jusque là à un détail près : l'utilisation massive de l'aviation avec en particulier un grand nombre d'attaques kamikazes.
Importance stratégique Les aérodromes offraient au retour de l'île principale une sécurité aux bombardiers lourds endommagés. L'île se situe très près des plus grandes îles qui composent le Japon et peut servir de base à un éventuel débarquement américain au Japon.
Forces en présence La Task Force 58 de l'US Navy (Spruance et Mitscher), avec ses 18 porte-avions ses 10 navires de ligne, et une importante force amphibie (Turner) aligne 1 300 bâtiments.
La Grande-Bretagne libérée de ses préoccupations militaires en Europe avait constitué une escadre relativement importante qui avait pour mission de croiser entre Formose et Okinawa pour protéger le flanc gauche de l'offensive américaine.
La XXXIIe armée japonaise, 120 000 hommes, commandée par le général Ushijima, est retranchée aux deux extrémités montagneuses de l'île.
Bataille La conquête de Kerama Retto L'invasion commença en fait le 26 mars 1945 par le débarquement de la 77e division américaine sur l'îlot de Kerama Retto, à 16 miles à l'ouest d'Okinawa. La conquête était réalisée en 2 jours. On découvrit sur cet îlot près de 400 canots motorisés chargés d'explosifs que les Japonais, surpris, n'avaient pas eu le temps d'utiliser. Cet élément permit de jauger la résolution des défenseurs d'Okinawa, prêts au sacrifice par tous les moyens.
Le 31 mars, un kamikaze s'écrasa sur le navire amiral de Spruance, le croiseur lourd USS Indianapolis.
Un débarquement sans résistance Le 1er avril, 50 000 soldats américains débarquèrent sur les plages d'Haguchi sans rencontrer aucune opposition. En fin de journée, il n'y avait eu aucune perte. Ce silence inquiétant angoissait sérieusement les combattants. Une attaque kamikaze d'importance eut lieu au crépuscule sur les navires de soutien de la force d'invasion et sur l'escadre britannique. Malgré les dégats occasionnés, aucun navire ne fut coulé ce jour-là.
A terre, les troupes américaines arrivèrent rapidement sur la côte est de l'île et se séparèrent en deux ; une partie marchant sur le nord-est, l'autre en direction du sud. La situation changea complètement le 4 avril lorsque les américains se trouvèrent au contact des premières lignes japonaises dans la presqu'île de Motobu au nord, et dans la région de Nakagusuku au sud. Les combats devinrent rapidement violents.
L'action suicide de la marine japonaise Dans le cadre du plan de défense d'Okinawa, la marine impériale décida d'une sortie sous la forme d'une action suicide, l'opération Ten-Gō. La IIeme flotte japonaise devait faire route vers Okinawa pour y détruire le maximum de navire ennemis. Ensuite, le cuirassé lourd Yamato devait s'échouer sur l'île pour former une sorte de forteresse d'artillerie. Le Yamato avait du combustible uniquement pour un aller simple.
La IIe flotte, constituée de 10 bâtiments, appareilla le 6 avril à 16h00. Elle fut repérée dès la nuit suivante par un sous-marin américain qui donna l'alerte. Le 7 avril, 386 avions se dirigèrent en cinq vagues d'assaut sur les navires japonais. Le Yamato coula vers 14h30. Seuls quatre destroyers (le Fuyutsuki, le Yukikaze, le Hatsushimo et le Suzutsuki) parvinrent à s'échapper.
Ce fut la dernière grande bataille aéronavale de la guerre du Pacifique.
Les forces suicide Kikusui Dans le même temps, le commandement japonais avait lancé une attaque kamikaze sans précédent au départ de l'île de Kyushu, constituée de 355 appareils. Le Kikusui (ou chrysanthème flottant) fut l'emblème de toutes les forces suicide affectées à la défense d'Okinawa.
L'amiral Richmond Turner, chef des forces de soutien, avait disposé ses bâtiments sur deux lignes de manière à prévenir les interventions aériennes japonaises. 250 appareils nippons furent détruits avant qu'ils puissent commencer leur attaque. Néanmoins, un certain nombre de navires, dont le porte-avions Hancock furent plus ou moins gravement endommagés. Quelques bâtiments légers coulèrent.
Les forces Kikusui attaquèrent jusqu'à deux fois par jour tout au long de la bataille d'Okinawa. Avant que les B-29 puissent détruire les terrains d'envol de l'aviation japonaise, la flotte subit en tout 900 kamikazes : 15 navires seront coulés, 200 unités, dont 4 porte-avions, endommagées. À la fin du mois les trois amiraux durent être relevés, leurs nerfs étant trop à vifs.
Les combats sur Okinawa Jusqu'au 20 avril, le bombardement massif suivi d'un nettoyage à la grenade et au lance-flammes de défenseurs fanatisés et dans des blockhaus s'exerce sur la partie nord.
Les combats dureront jusqu'au 24 juin pour la partie sud. Les trous doivent être nettoyés un à un, à la grenade, les Américains sont souvent victimes de pièges. L'avancée est très lente et très coûteuse, les Japonais cherchent à tuer le maximum d'ennemis et se battent jusqu'à la mort.
La ligne Naha-Shuri-Yonabaru Les combats les plus âpres se situèrent le long de la ligne de défense japonaise au sud encore appelée ligne Machinato. Ralentis par les japonais, les marines se heurtèrent à de lourdes contre-attaques, le plus souvent anéanties par la puissance de feu américaine. Le 28 avril, les marines atteignirent la crête Kazaku, clé du système de défense Machinato.
Ils se heurtèrent alors au complexe défensif de Shuri qui tiendra jusqu'au 21 mai. Les contre-attaques japonaises avaient redoublé et étaient synchronisées avec les attaques kamikazes. Les pertes alliées devinrent considérables.
Le 22 mai, l'effort américain fut porté sur Naha. La capitale d'Okinawa désormais en ruine, fut investie le 25.
Les forces américaines se regroupèrent et déclenchèrent l'assaut sur la presqu'île d'Oroku le 4 juin. L'aérodrome fut rapidement pris, mais les marins de l'amiral Ota opposèrent une solide résistance dans les grottes et les replis de terrain. La plupart des survivants se suicidèrent le 12 juin pour ne pas tomber aux mains des américains.
La prise du Pain de sucre Pendant ce temps, la 1re division de marines se dirigea vers le sud, atteignant les faubourgs d'Itoman dans la soirée du 7 juin. Le lendemain, ils se heurtèrent à un nouveau complexe défensif japonais extrêmement virulent.
Désormais, les américains faisaient sauter tous les blockhaus et toutes les entrées de grotte, emmurant ainsi les japonais. Ce ne fut que le 17 juin au soir que l'ensemble du complexe fut neutralisé
Le lendemain, le général Simon B. Buckner, montant au sommet de la colline Mezado (l'une des hauteurs du pain de sucre) est tué lors d'une inspection par un éclat d'obus japonais.
Les derniers combats La côte sud d'Okinawa fut atteinte le 19 juin, encerclant les dernières positions japonaises, encore très agressives. A la grande surprise des Américains qui craignaient une ruse, un certain nombre de japonais, isolés ou en groupe, se rendirent le 21. De nombreux soldats, ainsi qu'un groupe d'infirmières se suicidèrent.
Ce même jour, les généraux Ushijima et Cho exécutèrent le suicide rituel, le seppuku.
De nombreux habitants de l'île, parfois des familles entières, se donnèrent la mort pour ne pas se rendre à l'armée américaine. Selon des témoins, ces suicides furent ordonnés par l'armée impériale. Néanmoins, des historiens japonais estiment aujourd'hui que ces suicides étaient volontaires, remettant en cause les témoignages.
ConséquenceLa XXXII armée japonaise est anéantie.
- Citation :
- Les Japonais comptent 110 000 morts et 8 000 prisonniers. Les Américains comptent entre 8 000 et 16 000 (chiffres officiels: 8 513 ) morts et 31 807 blessés.
Ces pertes sont sûrement minimisées. Contre l'attente des deux camps, la bataille d'Okinawa fut la dernière bataille majeure de la guerre. Les États-Unis préparaient l'opération Downfall : l'invasion des îles principales, qui n'eut jamais lieu car les Japonais se rendirent en août, après la déclaration de guerre de l'URSS et les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki.